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NOTICE BIOGRAPHIQUE


blessé à ses côtés, au combat du faubourg Saint-Antoine. Il était alors, depuis un an, lieutenant de la compagnie de chevau-légers de ce prince. C’était l’ancienne charge de Bussy, qui avait été forcé par Condé de la vendre à Guitaut, son cornette. Bussy ne l’avait jamais pardonné ni au prince, ni à Guitaut, qu’il appelait avec un injuste mépris « ce petit garçon[1]. » Ce qui fut assez plaisant, c’est que le petit garçon devint un peu son seigneur. Par son mariage avec Madeleine de la Grange d’Arquien qui fut sa première femme, il eut le marquisat d’Époisses ; et Forléans, qui était à Bussy, paraît avoir relevé d’Époisses, aussi bien que Bourbilly, domaine de madame de Sévigné. On voit par une lettre de Bussy[2], qu’un ami ayant voulu le réconcilier avec le comte de Guitaut, celui-ci refusa de faire les premiers pas, parce qu’il avait, disait-il, un fief dominant sur son ancien lieutenant. Aussi l’orgueilleux Rabutin faisait-il de vifs reproches à madame de Sévigné, qui reconnaissait de meilleure grâce sa servitude, en badinait avec le comte de Guitaut, et l’appelait monseigneur. Toujours empressée à rapprocher ses amis, madame de Sévigné entreprit une négociation pour rompre la glace entre son cousin et le seigneur d’Époisses. Elle disait à Bussy, de son ton le plus persuasif, que

  1. Bussy, dans sa haine contre son cornette, n’a pas voulu être bien informé de sa généalogie. Il dit dans ses Mémoires (tome I, p. 159) : « Guitaut (le père du nôtre) étoit fils d’un nommé Pechepeyroux, gascon que personne ne croyoit gentilhomme, quand il épousa la sœur du commandeur de Guitaut. » La vérité est que les Pechpeyrou, originaires du Quercy, étaient de bonne et ancienne noblesse. On conserve un acte scellé in castris juxta Damyetam (1249) du sceau de Gaillard de Pechpeyrou.
    En 1593, Pons de Pechpeyrou épousa Françoise de Comminges, fille unique de Francois de Comminges, seigneur de Guitaut. Sa maison fut alors substituée aux noms, armes et biens de la famille à laquelle il s’alliait. Pons eut cinq enfants, quatre fils et une fille, entre autres : Louis, l’aîné, père du comte de Guitaut, dont nous nous occupons ici, et le commandeur de Guitaut. Louis de Guitaut, on le voit, n’a pas épousé, comme le prétend Bussy, la fille du commandeur de Guitaut, qui était son frère. Il épousa, le 7 septembre 1625, Jeanne d’Eyra. Guillaume de Pechepeyrou-Comminges comte de Guitaut, l’ami de madame de Sevigné, naquit de ce mariage le 5 octobre 1626. Il était, à quelques mois près, du même âge que madame de Sévigné.
  2. Lettre à madame de Sévigné, 13 février 1678.