Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/69

Cette page n’a pas encore été corrigée

porté le monde. Que ses vastes gémissements soient entendus au ciel ; que la reine des enfers les entende, et qu’ils frappent les oreilles du chien terrible, caché au fond de son antre sous le poids des chaînes qui l’accablent. Que ses lugubres cris pénètrent jusqu’au sombre chaos, jusqu’au fond des abîmes de la mer, et dans l’air plus noblement ébranlé jadis du bruit de ses coups.

Ce n’est pas légèrement qu’il faut frapper un sein troublé par tant de remords affreux : il faut que ses cris résonnent à la fois dans les trois royaumes. Carquois, longtemps glorieux, qu’il porte sur ses épaules comme un ornement et comme une force, et vous, flèches puissantes, châtiez ce héros cruel. Que sa redoutable massue lui serve à se meurtrir lui-même, et fasse retentir à grand bruit sa poitrine coupable. Que toutes ses armes deviennent les instruments du supplice qu’il a mérité.

Enfants, qui n’avez pu suivre les traces de votre glorieux père, ni mettre à mort les cruels tyrans ; vous qui n’avez pu dresser vos membres aux luttes de la Grèce, aux combats du ceste et du pugilat, ni vous exercer à la poursuite du lion bondissant ; vous qui du moins saviez déjà tendre l’arc léger, et frapper d’un