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mon père. L'as-tu ? Ou me l'ont-ils prise en même temps que ma couronne ? Partout où sera cette épée, elle produira des crimes. Qu'ils la gardent, je la leur donne. Qu'elle soit aux mains de mes fils, aux mains de tous les deux. Allume plutôt un vaste bûcher : je me précipiterai au milieu des flammes. Je monterai sur cet autel funèbre que le feu doit consumer, pour briser enfin ce cœur si dur, et réduire en cendres tout ce qui vit encore en moi. Où est la mer orageuse ? Conduis-moi sur un roc escarpé, près des flots impétueux de l'Ismène. Si tu es mon guide, mène-moi au milieu des bêtes féroces, vers la mer, vers un précipice. Je veux aller mourir sur cette roche élevée où s'asseyait le Sphinx cruel pour y proposer ses énigmes. C'est là qu'il faut diriger mes pas, c'est là qu'il faut laisser ton père.

Afin que cette funeste place ne reste pas vide, mets-y un monstre plus affreux que le premier. Assis sur ce rocher, je raconterai le mystère obscur de ma destinée que nul n'expliquera. Vous tous qui fécondez les plaines où règne le roi venu d'Assyrie, vous tous qui révérez le bois connu par le serpent de Cadmus, et qui couvre de son ombre l'auguste fontaine de Dircé, vous tous qui buvez les eaux de l'Eurotas et habitez Sparte illustrée par ses jumeaux, vous tous peuples de l'Élide et du Parnasse, vous tous