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menaces. Calmez ce vain emportement, et pliez-vous aux circonstances.

Médée

La fortune peut m’ôter ma puissance ; mon courage, non. Mais qui fait crier sur ses gonds la porte du palais ? C’est Créon lui-même, le maître orgueilleux de ce pays.


Scène II.

Créon, Médée.
Créon

Quoi ! Médée, cette fille coupable du roi de Colchos ne songe pas encore à sortir de mes états ? Elle médite quelque nouveau crime : on connaît son âme, on connaît ses coups. Qui peut-elle épargner ? et qui trouvera le repos auprès d’elle ? Je voulais d’abord employer le fer pour purger mon royaume de ce fléau ; mais j’ai cédé aux prières de mon gendre, et je lui ai laissé la vie. Qu’elle nous délivre de sa fatale présence et qu’elle se retire en paix. Mais elle s’avance fièrement vers moi, et ose m’aborder d’un air menaçant. Gardes, repoussez-la ; je ne veux pas qu’elle s’approche de moi, ni qu’elle me touche. Dites-lui de se taire, et qu’elle apprenne enfin à plier sous l’autorité royale. Retire-toi vite, malheureuse, et délivre-nous d’un monstre cruel et abominable.

Médée

Pour quel crime, ou pour quelle faute me condamnez-vous à l’exil ?