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là s’acquitter de fonctions qui, bien qu’elles n’exposent pas la vie du soldat, n’en sont pas moins des services réels.

« En vous livrant à l’étude, vous échappez à tous les dégoûts de l’existence : jamais les ennuis de la journée ne vous feront soupirer après la nuit ; vous ne serez pas à charge à vous-même, et inutile aux autres ; vous vous ferez beaucoup d’amis, et tout homme de bien voudra vous connaître, car jamais la vertu, quoique obscure, ne demeure cachée ; sa présence toujours se trahit par les signes qui lui sont propres : quiconque est digne d’elle saura la trouver à la trace ; si nous rompons en visière avec la société, si nous renonçons à tout le genre humain, et que nous vivions uniquement concentrés en nous-mêmes, le résultat de cet isolement, de cette indifférence sur toutes choses sera bientôt une absence complète d’occupation. Nous nous mettrons alors à bâtir, à abattre, à envahir sur la mer par nos constructions, à élever des eaux en dépit de la difficulté des lieux, et à mal dépenser le temps que la nature nous a donné pour en faire un bon usage.

« Ce temps, quelques-uns de nous en sont économes ; d’autres en sont prodigues : les uns le dépensent de façon à s’en rendre compte ; les autres, sans pouvoir en justifier l’emploi. Aussi rien n’est plus honteux qu’un homme avancé en âge, qui, pour prouver qu’il a longtemps vécu, n’a d’autres témoins que ses années. »

Pour moi, mon cher Serenus, je suis d’avis qu’Athénodore a trop accordé à l’empire des circonstances, et s’est trop tôt condamné à la retraite ; non que je nie qu’il ne faille quelque jour se retirer, mais insensiblement, d’un pas lent, en conservant ses enseignes et avec tous les honneurs de la guerre : il y a