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tirai, Armand t’enverrait le sien et reprendrait l’autre quand il serait prêt et aurait ses cartouches. Comme sa mère lui a défendu de s’en servir avant 15 ans, il n’y perdra rien, et il est heureux, vraiment heureux de te faire plaisir ; je le ferai donc emballer dès que j’aurai ta réponse. Je t’envoie une enveloppe toute préparée ; tu n’as qu’à mettre : je veux bien, ou je ne veux pas ; ou bien oui ou non : alors, si c’est non, je te ferai envoyer à Livet l’autre, quand il sera fait ; mais ce sera un port de plus à payer. Je te garantis le fusil excellent et solide. Adieu, mon cher petit, je t’embrasse tendrement ; à bientôt.

Grand’mère de Ségur.


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Livet, 1872 ,12 octobre.

Cher petit Jacques, je pars après-demain…. j’irai vous voir mercredi…. Je suis bien impatiente de savoir si tu as un bon surveillant, si le méchant R. est parti et si le Père A. te malmène moins. — Le lendemain de ton départ, l’abbé est allé déjeuner chez le curé de Ray ; il a si bien flâné qu’au jour tombant il s’est trouvé à Laigle, n’osant pas revenir seul et ayant, manqué le train. Il est parvenu à trouver un compagnon de bonne volonté, M. X., professeur au collège de Laigle, et ils sont arrivés à 8 h. du soir, demi-morts de peur, de fatigue et de faim. L’abbé prétend que la route est un coupe-gorge, parce que les chiens aboyaient après eux et qu’ils ont vu une femme assise sur le bord du fossé de la grande route, près d’un gros chien noir et tenant un bâton à la main : ils ont pensé qu’elle comptait les assommer et les dépouiller. L’abbé était incroyable de poltronnerie ; son compagnon n’était guère plus brave On