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LES MALHEURS DE SOPHIE.

sophie.

Je suis sûre qu’elles l’aiment beaucoup. Est-ce que les écrevisses n’aiment pas l’eau ? Est-ce que les huîtres n’aiment pas l’eau ? Ces bêtes-là ressemblent un peu à la tortue.

paul.

Tiens, c’est vrai. D’ailleurs nous pouvons essayer. »

Et ils allèrent prendre la pauvre tortue, qui se chauffait tranquillement au soleil, sur l’herbe ; ils la portèrent à la mare et la plongèrent dedans. Aussitôt que la tortue sentit l’eau, elle sortit précipitamment sa tête et ses pattes pour tâcher de s’en tirer ; ses pattes gluantes ayant touché aux mains de Paul et de Sophie, tous deux la lâchèrent et elle tomba au fond de la mare.

Les enfants, effrayés, coururent à la maison du jardinier pour lui demander de repêcher la pauvre tortue. Le jardinier, qui savait que l’eau la tuerait, courut vers la mare ; elle n’était pas profonde ; il se jeta dedans après avoir ôté ses sabots et retroussé les jambes de son pantalon. Il voyait la tortue qui se débattait au fond de la mare, et il la retira promptement. Il la porta ensuite près du feu pour la sécher ; la pauvre bête avait rentré sa tête et ses pattes et ne bougeait plus. Quand elle fut bien chauffée, les enfants voulurent la reporter sur l’herbe au soleil.

« Attendez, monsieur, mademoiselle, dit le jardinier, je vais vous la porter. Je crois bien qu’elle ne mangera guère, ajouta-t-il.