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LES MALHEURS DE SOPHIE.

de parler ? Il n’y a que les gens de la campagne qui appellent un âne un bourri.

paul.

Ma tante, c’est Lambert qui nous a dit qu’un âne s’appelait un bourri : il a même été étonné que nous ne le sachions pas.

madame de réan.

Lambert parle comme les gens de la campagne, mais, vous qui vivez au milieu de gens plus instruits, vous devez parler mieux.

sophie.

Oh ! maman, j’entends encore le hi han ! de l’âne ; pouvons-nous aller voir ?

madame de réan.

Allez, allez, mes enfants ; mais n’allez que jusqu’à la grand’route : ne passez pas la barrière. »

Sophie et Paul partirent comme des flèches. Ils coururent au travers de l’herbe et du bois, pour être plus tôt arrivés. Mme de Réan leur criait : « N’allez pas dans l’herbe, elle est trop haute ; ne traversez pas le bois, il y a des épines. » Ils n’entendaient pas et couraient, bondissaient comme des chevreuils. Ils furent bientôt arrivés à la barrière, et la première chose qu’ils aperçurent sur la grand’route, ce fut Lambert, menant par un licou un âne superbe, mais pas trop grand cependant.

« Un âne, un âne ! merci Lambert, merci ! Quel bonheur ! s’écrièrent-ils ensemble.

— Comme il est joli ! dit Paul.