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Le général la regarda d’un air moqueur, et se mit à fumer jusqu’au moment où, le sommeil le gagnant, il s’endormit dans son fauteuil. Les enfants allèrent se coucher. Mme Papofski alla frapper à la porte de Dérigny, qu’elle trouva sortant de table ; ils mangeaient chez eux, d’après les ordres du général, qui avait voulu qu’on les servît à part et dans leur appartement.

« Entrez », dit Mme Dérigny. Elle rougit beaucoup lorsqu’elle vit entrer Mme Papofski ; Dérigny fit un mouvement de surprise ; Jacques et Paul dirent « Ah ! » et tous se levèrent.

« Ne vous dérangez pas, ma bonne dame : je serais si désolée de vous déranger ! Je viens vous dire combien mes enfants sont fâchés d’avoir fait pleurer, sans le vouloir, votre petit garçon. Je les ai bien grondés ; ils ne recommenceront plus. Comme ils sont charmants, vos enfants ! Il faut absolument que je les embrasse ! »

Mme Papofski s’approcha de Jacques et de Paul, qui reculaient et cherchaient à éviter le contact de Mme Papofski ; mais Dérigny les fit avancer et ils furent obligés de se laisser embrasser.

« Charmants ! répéta-t-elle en se retirant. Adieu, Monsieur Dérigny ; adieu, ma chère Madame Dérigny. Dites demain matin à mon oncle que je trouve vos enfants charmants. »

Elle se retira en souriant, et laissa les Dérigny étonnés et indignés.