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entre le père et les enfants ; ceux-ci attaquaient vaillamment les paquets ; le père les défendait mollement, voulant donner à ses enfants le plaisir du triomphe ; Jacques et Paul réussirent à en soustraire chacun un, et tous trois suivirent Mme Dérigny dans leur appartement. Ils se mirent à l’œuvre si activement, que le désordre des lits fut promptement réparé ; seulement il fallut attendre quelques jours pour avoir les bois de lit, que Dérigny était obligé de fabriquer lui-même, et pour la vaisselle, qu’il fallait acheter à la ville voisine, située à seize kilomètres de Gromiline.

Leurs arrangements venaient d’être terminés lorsque le général entra. Sa face rouge, ses yeux ardents, son front plissé, ses mains derrière le dos, indiquaient une colère violente, mais comprimée.

« Dérigny, dit-il d’une voix sourde.

Dérigny

Mon général ?

Le général

Votre femme, vos enfants,… sac à papier ! Pourquoi cherches-tu à te sauver, Jacques ? Reste ici,… pourquoi as-tu peur si tu es innocent.

Jacques

J’ai peur, général, parce que je devine ce que vous voulez dire ; vous êtes fâché et je sens que je ne peux pas me justifier.

Le général

Que crois-tu que je te reproche ?