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Madame Papofski

Tais-toi, insolent, imbécile ! Tu vas voir ce que mon oncle va faire. Il te fera mettre en pièces !…

Le général, riant.

Pas du tout ; mais pas du tout, ma nièce : je ne ferai ni ne dirai rien, car je vois ce qui en est. Non, je me trompe. Je dis et j’ordonne qu’on emmène le courrier dans la cuisine, qu’on lui donne un bon dîner, du kvas[1] et de la bière.

Madame Papofski, embarrassée.

Comment, vous êtes là, mon oncle ! Je ne vous voyais pas… Je suis si contente, si heureuse de vous voir, que j’ai perdu la tête ; je ne sais ce que je dis, ce que je fais ! J’étais si contrariée d’être en retard ! J’avais tant envie de vous embrasser ! »

Et Mme Papofski se jeta dans les bras de son oncle, qui reçut le choc assez froidement et qui lui rendit à peine les nombreux baisers qu’elle déposait sur son front, ses joues, ses oreilles, son cou, ce qui lui tombait sous les lèvres.

Madame Papofski

Approchez, enfants, venez baiser les mains de votre oncle, de votre bon oncle, qui est si bon, si courageux, si aimé de vous tous ! »

Et, saisissant ses enfants un à un, elle les poussa vers le général, qu’ils abordaient avec terreur ; le

  1. Boisson russe qui a quelque ressemblance avec le cidre.