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cuter ses ordres en attendant les cent coups de bâton que j’ai chargé Dérigny de te faire administrer, voleur, coquin, animal ! »

Vassili, pâle comme un mort et tremblant comme une feuille, courut exécuter les ordres de son maître. Il ne tarda pas à revenir suivi de vingt-deux hommes, tous empressés d’obéir au Français, favori de M. le comte. Dérigny, qui se faisait déjà passablement comprendre en russe, commença par rassurer Vassili sur les cent coups de bâton qu’il redoutait. Vassili jura que c’était l’intendant en chef qui avait occupé et sali les belles chambres et qui en avait emporté les meubles pour garnir son logement habituel.

« Moi, dit-il, Monsieur le Français, je vous jure que je n’ai pris que quelques meubles gâtés dont l’intendant n’avait pas voulu. Demandez-le-lui.

Dérigny

C’est bon, mon cher, ceci ne me regarde pas ; je ferai mon possible pour que le général vous pardonne ; quant au reste, vous vous arrangerez avec l’intendant. »

Ils commencèrent le transport des meubles ; en moins d’une demi-heure tout était prêt ; les rideaux étaient aux fenêtres, les lits faits, les cuvettes, les verres, les cruches en place.

C’était fini, et Mme Papofski n’arrivait pas. Le général allait et venait, admirait l’activité, l’intelligence de Dérigny et de sa femme, qui avaient réussi à donner à cet appartement un air propre,