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— Mais alors… pourquoi ?… dit Romane, dont le visage exprima le plus vif bonheur.

— Parce que mademoiselle prétend qu’elle est trop jeune, trop folle ; que tu ne voudras pas d’elle ; que tu ne l’accepterais que par pitié, et cette crainte la fait pleurer. »

Romane reprit vivement la main de Natasha, s’agenouilla devant le général et dit d’une voix émue :

« Mon cher et excellent ami, je vous demande à genoux la main de cette chère et aimable enfant, qui fera mon bonheur comme je ferai le sien ; recevez-moi dans votre famille, à moins que Natasha ne me repousse, moi pauvre et proscrit.

— Que je refuse, moi ! s’écria Natasha en se jetant dans les bras de son grand-père. Grand-père, dites oui, pour le rassurer.

— Que Dieu vous bénisse, mes enfants ! dit le général les yeux pleins de larmes et les serrant tous deux contre son cœur. Tous mes vœux sont comblés. Romane, mon fils, prends ce trésor charmant que toi seul es digne de posséder ; allez, mes enfants, trouver votre mère, qui attend le résultat de notre conversation. Va, ma Natasha, va présenter à ta mère le fils qu’elle désire depuis longtemps. »

Natasha et Romane embrassèrent tendrement le vieux général, et allèrent tous deux se jeter dans les bras de Mme Dabrovine, qui les embrassa et les bénit en pleurant.

La nouvelle du mariage de Natasha fut portée