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qu’il ne le voie ; il est si bon ! Il consentirait alors, par pitié pour moi, et il serait très malheureux ! »

Natasha appuya sa tête sur l’épaule du général et pleura. Au même moment le prince entra.

Le général

Viens, mon ami, mon bon Romane ; viens m’aider à consoler ma pauvre Natasha. Tu vois, elle pleure amèrement, là, sur mon épaule, et c’est toi qui la fais pleurer.

— Moi ! s’écria Romane en s’avançant précipitamment vers Natasha, en retirant doucement une de ses mains de dessus l’épaule du général. Natasha, ma chère enfant, comment ai-je pu faire couler vos pleurs, moi qui donnerais ma vie pour vous voir heureuse ! »

Natasha releva la tête et sourit ; son visage était baigné de larmes.

« C’est la faute de grand-père, dit-elle.

Le général, riant.

Ah bien, voilà une bonne invention, par exemple ! Romane, je vais te dire pourquoi elle se désole. Je sais qu’elle t’aime, je sais que tu l’aimes ! Elle a bientôt dix-huit ans, tu en as vingt-huit : je lui propose de devenir ta femme.

— Et elle ne veut pas ? dit Romane en pâlissant et en laissant retomber la main de Natasha.

Le général

Tu n’y es pas elle veut bien ; elle serait enchantée…