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berge était ouverte ; les Dérigny entrèrent sans bruit, et virent Elfy et Moutier assis à la porte de leur jardin. Elfy pleurait. Le cœur de Mme Dérigny battit plus fort.

« Il y a si longtemps que je n’ai eu de leurs nouvelles, mon ami ! disait Elfy. Je crains qu’il ne leur soit arrivé malheur. On peut s’attendre à tout dans un pays comme la Russie.

— Chère Elfy, tu as donc perdu ta confiance en Dieu et en la sainte Vierge ? Espérons et prions.

— Et vous serez exaucés, mes chers, chers amis ! » s’écria Mme Dérigny en s’élançant vers Elfy, qu’elle saisit dans ses bras en la couvrant de baisers.

Jacques et Paul s’étaient jetés dans les bras de Moutier, qui les embrassait ; il quittait l’un pour reprendre l’autre ; il embrassa à les étouffer Dérigny et sa femme ; Elfy pleurait de joie après avoir pleuré d’inquiétude. Toute la journée fut un enchantement continuel ; chacun racontait, questionnait sans pouvoir se lasser. Moutier et Elfy firent voir à leur sœur et à leur frère les heureux changements qu’ils avaient faits dans la maison et dans le jardin ; ils accompagnèrent les nouveaux arrivés chez le curé, qui faillit tomber à la renverse quand Jacques et Paul se précipitèrent sur lui en poussant des cris de joie. Après les premiers moments de bonheur et d’agitation, les Dérigny lui donnèrent des nouvelles du général et annoncèrent son arrivée.