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parois du trou ; mais il s’épuisa vainement : les grosses jambes du général ne se prêtaient pas à cette escalade, et il fallut toute la vigueur de Dérigny pour résister aux secousses que lui donnaient les tentatives inutiles du général. Voyant que ses efforts restaient sans succès, il se laissa glisser le long du dos de Dérigny, et dit d’un ton calme :

« Romane, mon enfant, je n’en peux plus ; je reste ici ; le renard y a demeuré, pourquoi n’y demeurerais-je pas ? Seulement, comme je suis moins sobre que le renard, je te demande de vouloir bien courir à l’hôtel et de me faire apporter et descendre dans ce trou un bon dîner, du vin, un matelas, un oreiller et une couverture, et autant pour Dérigny, qui est la cause de mon changement de domicile.

Dérigny

Mon général, je vais vous avoir un petit repas et les moyens de revenir à l’hôtel. Le prince Romane voudra bien vous tenir compagnie en mon absence.

Le général

Tu es fou, mon pauvre camarade de prison ; comment sortiras-tu d’ici ?

Dérigny

Ce ne sera pas difficile, mon général : dans une heure je suis de retour. »

Et Dérigny, s’élançant de rocher en rocher, d’arbuste en arbuste, se trouva au haut du trou