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Dérigny

Mon général, vous êtes bien bon…, mais je n’oserais pas…, Je ne me permettrais pas…

Le général

D’obéir, quand je vous l’ordonne ? Allons, pas de résistance, mon ami. Je vous ordonne de fumer un cigare, là…, près de moi. »

Dérigny s’inclina et obéit ; ils fumèrent avec délices.

« Tout de même, mon général, dit Dérigny en finissant son cigare, c’est un fier service que vous m’avez rendu en m’obligeant à fumer. J’avais si chaud, que j’aurais peut-être attrapé du mal si je ne m’étais réchauffé la poitrine en fumant.

Le général

Et moi donc ! C’est grâce à votre prévoyance, à votre soin continuel de bien faire, que nous serons tous deux sur pied ces jours-ci ; j’avais aussi une chaleur à mourir, et j’étais si fatigué, que je ne pouvais plus me soutenir ; il est vrai que je vous ai vigoureusement maintenu tout le temps de la montée !

Dérigny, souriant.

Je crois bien, mon général ! je m’appuyais sur vous de tout mon poids. »

Un second cigare acheva de remonter nos fumeurs. Le général aurait bien volontiers fait un petit somme, mais l’amour-propre le tint éveillé. Il eût fallu avouer que la montée était trop forte pour lui, et il voulait accompagner les jeunes gens