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tasha allait et venait, descendait en courant ce qu’elle venait de gravir, pour savoir comment son oncle se tirait d’affaire. Romane précédait le général de quelques pas, lui donnant la main dans les passages les plus difficiles. Dérigny suivait de près, le poussant par moments, sous prétexte de s’accrocher à lui pour ne pas tomber.

« C’est ça ! appuyez-vous sur moi, Dérigny ! Tenez ferme, pour ne pas rouler dans les rochers, criait le général, enchanté de lui servir d’appui. Vous voyez que je ne suis pas encore si lourd ni si vieux, puisque c’est moi que vous aide à monter. »

Les enfants étaient déjà au sommet, poussant des cris de joie et appelant les retardataires, le pauvre général suait à faire pitié.

« Ce n’est pas étonnant, disait-il, je remorque Dérigny, qui a encore plus chaud que moi. »

C’est que Dérigny avait fort à faire en se mettant à la remorque du général, qu’il poussait de toute la force de ses bras. C’était un poids de deux cent cinquante livres qu’il lui fallait monter par une pente raide, hérissée de rochers, bordée de trous remplis de ronces et d’épines. Romane l’aidait de son mieux, mais le général y mettait de l’amour-propre ; se sentant soutenu par Dérigny, qu’il croyait soutenir, il refusait l’aide que lui offraient tantôt Romane, tantôt Natasha.

Enfin, on arriva en haut du plateau ; la vue était magnifique, les enfants battaient des mains et couraient de côté et d’autre. Le général triomphait et