Bon pâté, parbleu ! c’est un dernier souvenir de ma pauvre patrie. Mange, Natasha ; mange, Natalie ; mange, Romane. »
Et il leur donnait à tous des tranches formidables.
Jamais je ne pourrai manger tout cela, mon oncle.
— Allons donc ! Avec un peu de bonne volonté tu iras jusqu’à la fin. Tiens, regarde comme j’avale cela, moi. »
Mme Dabrovine sourit ; Natasha rit de tout son cœur ; Romane joignit son rire au sien.
On voit bien que tu as passé la frontière, mon pauvre garçon ; voilà que tu ris de tout ton cœur.
Oh oui ! mon ami, j’ai le cœur léger et content. »
Le repas fut copieux pour le général et gai pour tous, grâce aux plaisanteries aimables du bon général. Quand on s’arrêta pour dîner, le secret du prince Romane fut révélé à ses anciens élèves et aux enfants de Dérigny. Lui et sa femme savaient dès l’origine ce qu’était M. Jackson. Alexandre et Michel regardaient avec une surprise mêlée de respect leur ancien gouverneur. Ils ne dirent rien d’abord, puis ils s’approchèrent du prince, lui prirent les mains et les serrèrent contre leur cœur.