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« — De quel droit me demandez-vous mon passeport ? lui répondis-je.

« Est-ce que l’un de vous est golova (tête, ancien) ?

« — Non, nous sommes habitants du hameau.

« — Et comment osez-vous me déranger ? Qui me dit quelles gens vous êtes et si vous n’êtes pas des voleurs ? Attendez, vous trouverez à qui parler.

« — Nous sommes d’ici, et nous avons le droit de savoir qui nous logeons chez nous.

« — Eh bien ! je me nomme Dmitri Boganine, du gouvernement de Tobolsk, et je vais à Bohotole pour avoir de l’ouvrage dans les établissements du gouvernement, et ce n’est pas la première fois que je traverse le pays. »

« J’entrai alors dans les détails que j’avais appris par l’étude des cartes du pays et mes conversations avec les marchands d’Ékatérininski-Zavod. Je finis enfin par leur montrer mon passeport, qui n’était autre chose que la passe que j’avais conservée.

« Aucun d’eux ne savait lire, mais la vue du cachet impérial leur suffit ; ils furent convaincus que j’avais un passeport en règle, et ils se retirèrent en me demandant humblement pardon de m’avoir dérangé.

« Mais nous sommes excusables, ami ; on nous ordonne d’arrêter les forçats qui s’échappent.

« — Comment des forçats pourraient-ils se