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Moi

« À la foire d’Irbite.

Le paysan

« Il y en a une paire.

Moi

« Combien la verste ?

Le paysan

« Huit kopecks.

Moi

« C’est trop ! Six kopecks ?

Le paysan

« Que faire ? Soit. Dans l’instant. »

« Quelques minutes après, les chevaux étaient attelés au traîneau.

« D’où êtes-vous ? me demanda-t-on.

« — De Tomsk ; je suis le commis de Golofeïef ; mon patron m’attend à Irbite. Je suis fort en retard ; je crains que le maître ne se fâche : si tu vas vite, je te donnerai un pourboire. »

« Le paysan siffla, et les chevaux partirent comme des flèches. Mais la neige commença à tomber, épaisse et serrée ; le paysan perdit son chemin, et, après des efforts inutiles pour le retrouver, il me déclara qu’il fallait passer la nuit dans la forêt. Je fis semblant de me mettre en colère ; je menaçai de me plaindre à la police en arrivant à Irbite ; rien n’y fit ; nous fûmes obligés d’attendre le jour. Cette nuit fut affreuse d’inquiétudes et d’angoisses. Je me croyais trahi par mon guide, comme l’avait été quelques années aupa-