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« Oui, répondit-elle d’une voix étouffée par l’émotion, je suis la nièce du général comte Dourakine.

— Je suis le général Négrinski, Maria Pétrovna, et je viens, selon le désir de votre oncle, prendre possession de la terre de Gromiline, aujourd’hui 10 mai. »

Madame Papofski, effrayée.

La terre de Gromiline !… Mais… c’est moi qui…

Le général Négrinski

C’est moi qui ai acheté la terre de Gromiline, Maria Pétrovna. Cette nouvelle paraît vous surprendre ; je l’ai achetée il y a deux mois, et payée comptant, cinq millions ; l’acte est entre les mains du capitaine ispravnik, qui devait tenir l’affaire secrète jusqu’à mon arrivée. Je viens aujourd’hui m’y installer, comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, et vous prier de retourner chez vous, comme me l’a prescrit le comte Dourakine. »

Mme Papofski voulut parler ; aucun son ne put sortir de ses lèvres décolorées et tremblantes ; elle devint pourpre ; ses veines se gonflèrent d’une manière effrayante ; ses yeux semblaient vouloir sortir de leurs orbites.

Le prince Négrinski la regardait avec surprise ; il voulut la rassurer, lui dire un mot de politesse, mais il n’eut pas le temps d’achever la phrase commencée : elle poussa un cri terrible et tomba en convulsions sur le parquet.

Le prince Négrinski la fit relever et reporter