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— J’espère qu’elle vous a été agréable, chère Maria Pétrovna, comme à moi.

— Certainement, Yéfime Vassiliévitche… (dites mon cher Yéfime Vassiliévitche, lui dit à l’oreille le capitaine ispravnik), mon cher Yéfime Vassiliévitche, répéta Mme Papofski. (Demandez-moi à venir vous voir, continua son bourreau.) Venez donc me voir à Gromiline… (mon cher, dit l’ispravnik), mon cher… Ah !… ah ! Je meurs ! »

Et Mme Papofski tomba dans les bras du capitaine ispravnik. L’effort avait été trop violent ; elle perdit connaissance. Le capitaine ispravnik la coucha dans sa voiture, fit semblant de la plaindre, de s’inquiéter, et ordonna au cocher de ramener sa maîtresse le plus vite possible, parce qu’elle avait besoin de repos. Le cocher fouetta les chevaux, qui partirent ventre à terre.

« Bonne journée ! se dit le capitaine ispravnik. Deux cent mille roubles ! Ah ! ah ! ah ! la Papofski ! comme elle s’est laissé prendre ! j’irai la voir ; si je pouvais lui extorquer encore quelque chose ! Je verrai, je verrai. »

Le mouvement de la voiture, les douleurs qu’elle ressentait et le grand air firent revenir Mme Papofski de son évanouissement. Elle se remit avec peine sur la banquette de laquelle elle avait glissé, et se livra aux plus amères réflexions et aux plus terribles colères jusqu’à son retour à Gromiline. Elle se coucha en arrivant, prétextant une migraine pour ne pas éveiller la curiosité des do-