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elle et Romane aidèrent le général à descendre posément et, après lui, Mme Dabrovine, que Natasha avait embrassée et mise au courant. La seconde berline, de laquelle sortaient des voix confuses entremêlées de rires, se vida également de son contenu.

Natasha les interrogea sur leur nuit ; ils racontèrent leur bataille d’oreillers, dirent bonjour à leur mère, à leur oncle et à Mme Dérigny, et firent une invasion bruyante dans l’auberge, déjà prête à les recevoir. Mme Dérigny, en causant avec son mari, dont elle avait été préoccupée toute la nuit, apprit avec chagrin qu’il avait souffert du froid à la fin de la nuit, malgré châles et manteaux. Dérigny plaisanta de ces inquiétudes et assura que devant Sébastopol il avait bien autrement souffert du froid. Mme Dérigny, avant de se rendre près de Mme Dabrovine et de Natasha pour aider à leur toilette, trouva moyen de dire à l’oreille du général que Dérigny avait eu froid la nuit, mais qu’il ne voulait pas en parler.

« Merci, ma bonne madame Dérigny, dit le général ; soyez tranquille pour la nuit qui vient : il n’aura pas froid ; envoyez-moi le feltyègre. »

Le feltyègre ne tarda pas à arriver.

« Courez dans la ville, feltyègre, et achetez-moi un bon manteau de drap gris, bien chaud et bien grand. Payez ce que vous voudrez, le prix n’y fait rien. »

Au bout d’une demi-heure, le feltyègre revenait