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Cette menace fit son effet ; le général prit l’oreiller, que Natasha lui arrangea très confortablement.

« Là ! À présent, grand-père, bonsoir ; dormez bien. Bonsoir, maman, bonne nuit. »

Natasha se rejeta dans son coin et ne tarda pas à s’endormir. Ses compagnons de route en firent autant.

Dans l’autre berline on commença par se jeter les oreillers à la tête et par rire comme la veille : mais le sommeil finit par fermer les yeux des plus jeunes, puis des plus grands, puis enfin ceux de Romane. De cette voiture, comme de la première, ne sortit pas le plus léger bruit jusqu’au lendemain : on ne commença à s’y remuer que lorsque les voitures s’arrêtèrent et qu’un mouvement bruyant à l’extérieur tira les voyageurs de leur sommeil. Le soleil brillait déjà et réchauffait le pauvre Dérigny, engourdi par le froid de la nuit.

Natasha baissa la glace, mit la tête à la portière et vit qu’on était à la porte d’une auberge. Le feltyègre était à la portière, attendant les ordres du général, qui ronflait encore.

« Où sommes-nous ? Que demandez-vous, feltyègre ? dit Natasha à voix basse et avec son aimable sourire.

Le feltyègre

Natalia Dmitrievna, je voudrais savoir si on s’arrête ici pour prendre le café et se reposer un instant.