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sez-vous bien, grand… Ah ! mon Dieu ! qu’avez-vous ! Regardez, grand-père.

— Silence, pour Dieu, silence ! lui dit Jackson à voix basse en lui serrant la main à l’écraser.

— Aïe ! s’écria Natasha.

— Natalia Dmitrievna s’est fait mal ? demanda le feltyègre, qui approchait.

— Non,… oui,… je me suis cogné la main ; ce ne sera rien. »

Et Natasha s’éloigna étonnée et pensive, pendant que Romane prenait sa place en face de ses amis et gardait le silence, de peur que le feltyègre n’entendît quelques mots de la conversation. Le général et Mme Dabrovine interrogeaient Romane du regard ; profitant des cahots de la voiture, il réussit à expliquer en quelques mots la cause de sa pâleur et de son trouble. Le général fut inquiet de la mémoire extraordinaire de cette femme ; d’autres pouvaient également reconnaître Romane, et il résolut de ne plus coucher et de voyager jour et nuit jusqu’au delà de la frontière russe.

Quand on s’arrêta pour déjeuner, le général alla se promener sur la grande route avec sa nièce et Romane, pendant que les quatre garçons et Natasha allaient en avant et jouaient à toutes sortes de jeux. Romane put enfin leur raconter en détail ce qui lui était arrivé à la première couchée, et le général leur fit part de sa résolution de voyager jour et nuit, et de s’arrêter le moins possible. Mme Dabrovine devait se plaindre tout haut