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seriez tous !… Je me sens devenir fou à cette pensée… Vous… le général… Natasha !… Oh ! mon Dieu ! pitié ! pitié !… sauvez-les !… Prenez-moi seul !… Que seul je souffre pour tous ces êtres si chers !… »

Romane tomba à genoux, la tête dans ses mains. Le général était consterné ; Mme Dabrovine pleurait ; Dérigny était ému. Il s’approcha de Romane.

« Courage, lui dit-il, rien n’est perdu. Le danger n’existe pas depuis que le général donne, par son départ volontaire, la gestion de toute sa fortune à Mme Papofski. L’intérêt qui guide ses actions doit arrêter toute dénonciation. Les biens seraient mis sous séquestre ; Mme Papofski n’en jouirait pas, et elle n’aurait que l’odieux de son crime, dont l’État seul profiterait.

— C’est vrai !… Oui,… C’est vrai… dit Romane s’éveillant comme d’un songe. J’étais fou ! Le danger m’avait ôté la raison ! Pardonnez-moi, très chers amis, les terreurs que j’ai fait naître en m’y livrant moi-même… Pardonnez. Et vous, mon cher Dérigny, recevez tous mes remerciements ; je vous suis sincèrement reconnaissant. »

Romane lui serra fortement les deux mains.

« Redoublons de prudence, ajouta-t-il. Encore quelques jours, et nous sommes tous sauvés. Au revoir, cher comte ; je retourne à mon poste, que j’ai déserté, et si les Papofski recommencent, j’abonderai dans la pensée de Natasha, qui croyait