— Vous l’avez heureusement conjuré, mon général, dit gaiement Dérigny. Nous sommes en mesure de partir quand vous voudrez. J’ai déjà emballé tous les effets auxquels vous tenez, mon général ; l’argenterie même est dans un des coffres de la berline ; le reste sera fait en deux heures.
Merci, mon bon Dérigny ; toujours fidèle et dévoué.
— Mon père ! s’écria avec frayeur Mme Dabrovine, nous ne passerons pas la frontière : nous n’avons pas de passeports pour l’étranger.
— Ils sont dans mon bureau depuis huit jours, mon enfant, répondit le général en souriant.
Vous avez pensé à tout, mon père ! Vous êtes vraiment admirable, pour parler comme ma sœur.
Où est allé Romane ? Savez-vous, Dérigny ?
Je ne sais pas, mon général ; je ne l’ai pas vu. Mais je pense qu’il est à son poste, près des enfants.
Tâchez de nous l’envoyer, Dérigny ; il faut que je le prévienne de se tenir en garde contre les scélératesses de ma méchante nièce. A-t-on jamais vu deux sœurs plus dissemblables ? »
Dérigny trouva effectivement Romane dans la galerie ; il paraissait agité et se promenait en long