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Arrivé près du général, il fut mis au courant de ce qui venait de se passer. Il réfléchit un instant en tournant sa moustache.

Dérigny

Pas de danger, mon général. Grâce à votre coup de maître d’avoir abandonné à Mme Papofski, en votre absence, l’administration de vos biens, son intérêt est de vous laisser partir ; il ne serait même pas impossible que ce fût une ruse pour hâter votre départ et vous faire abandonner le projet que vous manifestiez de rester à Gromiline et de nous laisser partir sans vous… Il n’y a qu’une chose à faire, ce me semble, mon général, c’est de partir bien exactement le 1er mai, dans douze jours ; mais de ne le déclarer à Mme Papofski que la veille, de peur de quelque coup fourré.

Madame Dabrovine

Monsieur Dérigny a raison ; je crois qu’il voit très juste. Tranquillisez-vous donc, mon pauvre père. Le danger des autres vous impressionne toujours vivement. »

Mme Dabrovine serra les mains de son oncle et l’embrassa à plusieurs reprises ; les explications de Dérigny, la tendresse de sa nièce, remirent du calme dans le cœur et dans la tête du général.

Le général

Chère, bonne fille ! Je me suis effrayé, il est vrai, et à tort, je pense. Mais aussi, quel danger je redoutais pour mon pauvre Romane !… et pour nous tous, peut-être !