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il parle bien français ! On ne le croirait jamais Anglais… »

Mme Papofski regarda fixement son oncle, qui rougissait légèrement.

Elle s’enhardit à sonder le mystère, et ajouta :

« Plutôt Français… (le général ne bougea pas), ou… même… Polonais. (Le général bondit.)

Le général

Polonais ! un Polonais chez moi ! Allons donc ! Ah ! ah ! ah ! Polonais ! Il y ressemble comme je ressemble à un Chinois. »

La gaieté du général était forcée ; sa bouche riait, ses yeux lançaient des flammes ; il sembla à Mme Papofski que s’il en avait le pouvoir, il l’étranglerait sur place, le regard fixe et sérieux de cette femme méchante augmenta le malaise du général, qui s’en alla en disant qu’il allait savoir des nouvelles de sa nièce.

Madame Papofski

C’est un Polonais ! Je le soupçonnais depuis quelque temps ; j’en suis sûre maintenant ! Et mon oncle le sait et il le cache. Il est bien heureux de m’avoir laissé le soin de gérer ses affaires en son absence, sans quoi… j’aurais été à Smolensk et j’aurais dénoncé le Polonais et eux tous avant huit jours d’ici ! seulement le temps de découvrir du nouveau et de m’assurer du fait. À présent, c’est inutile : je tiens sa fortune, j’en vendrai ce que je voudrai. L’hiver prochain, je vendrai du bois pour un million… et je le garderai, bien entendu. »