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Pendant qu’elle cherchait à comprimer le bonheur qui remplissait son âme, le général avait pris le bras de Mme Dabrovine et avait quitté le salon, riant sous cape et se frottant les mains.

Quand il fut dans le salon de Mme Dabrovine et qu’il eut soigneusement fermé la porte, il se laissa aller à une explosion de gaieté qui fut partagée par sa nièce. Ils riaient tous deux à l’envi l’un de l’autre quand Romane entra : il s’arrêta stupéfait.

« Ferme la porte, ferme la porte », lui cria le général au milieu de ses rires.

Romane

Pardon de mon indiscrétion, mon cher comte ; mais de quoi et de qui riez-vous ainsi ?

Le général

De qui ? de Maria Pétrovna. De quoi ? de ses espérances et de sa joie.

Romane

Pardonnez, mon cher comte, si je ne partage pas votre gaieté ; mais j’avoue que je n’éprouve que de la terreur devant les regards méchants et triomphants que jetait sur vous, sur Mme Dabrovine et sur moi cette nièce avide et désappointée dans ses espérances.

Le général

Fini, fini, mon cher ! Elle aura Gromiline, mes terres, mes maisons, mes millions, tout enfin. »

La surprise de Romane augmenta.

Romane

« Mais… vous avez tout vendu… Comment pou-