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« Vous n’êtes pas curieuse, Maria Pétrovna, reprit le général après un silence. Vous saurez que, si vous venez à hériter de moi, vous aurez douze à treize millions.

Madame Papofski

Ah ! mon oncle, je ne compte pas hériter de vous, vous savez. »

Le général

Qui sait ! C’est parce que je vous tourmente quelquefois que vous craignez d’être déshéritée ? Qui sait ce qui peut arriver ? »

Le regard étincelant de Mme Papofski, la rougeur qui colora son visage d’une teinte violacée, indiquèrent au général la joie de son âme ; elle pourrait donc avoir Gromiline et le reste des biens de son oncle sans commettre de crime et sans courir la chance d’une dénonciation calomnieuse. Sa sœur Dabrovine et l’odieuse Natasha verraient leurs espérances déçues ! À partir de ce moment, elle résolut de changer de tactique et d’attendre avec patience et douceur le départ de l’oncle et de ses favoris.

Elle crut comprendre que son oncle mettait de la méchanceté et de la fourberie dans sa conduite envers Mme Dabrovine et ses enfants ; qu’il jouait l’affection pour mieux les désappointer, et qu’au fond il préférait à la douceur feinte et aux tendresses hypocrites de sa sœur son caractère à elle, sa manière d’agir et sa dureté, qui, croyait-elle, trouvaient un écho dans le cœur et l’esprit de son oncle.