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une campagne en Circassie, il avait eu pour aide de camp un jeune Polonais, le prince Pajarski, un des plus grands noms de la Pologne, et possédant une immense fortune ; il s’y était beaucoup attaché ; il lui avait rendu et en avait reçu de grands services.

« Je l’aimais comme mon fils, et il avait pour moi une affection toute filiale. »

Romane était retourné en congé en Pologne, et le général n’en avait pas entendu parler depuis. On lui avait seulement appris qu’il avait disparu un beau jour sans qu’on ait pu savoir ce qu’il était devenu.

« Il m’a dit avant dîner qu’on l’avait accusé de complots contre la Russie pour rétablir le royaume de Pologne ; qu’il avait été enlevé, mené en Sibérie, et qu’après y avoir souffert horriblement il était parvenu à s’échapper, et qu’après mille dangers il avait eu le bonheur d’être trouvé par vos enfants, mon brave Dérigny.

Dérigny

Mon général, avant de vous demander ce que vous ferez du prince Pajarski, qui ne peut pas rester éternellement gouverneur de vos petits-neveux, quelque charmante et aimable que soit toute cette famille, je crois devoir vous faire part d’une découverte qu’a faite mon petit Jacques, et dont il a compris l’importance. »

Dérigny raconta au général ce qui s’était passé entre lui et Mme Papofski, et les menaces que Jacques lui avait entendu proférer.