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Natasha regarda sa mère d’un air de reproche, s’approcha de son oncle, se mit à genoux près de lui, lui prit les mains, les baisa à plusieurs reprises. Le général sentit une larme couler sur ses mains, il releva Natasha, la serra dans ses bras, et, sans parler, lui tendit son portefeuille ; Natasha le prit, et, les yeux encore humides, elle le porta à sa mère.

« Prenez, maman ; à quoi sert de cacher à mon oncle que nous sommes pauvres ? Pourquoi refuser plus longtemps d’accepter ses bienfaits ? Pourquoi blesser son cœur en refusant ce qu’il nous offre avec une tendresse si vraie, si paternelle ? On peut tout accepter d’un père, et n’est-il pas pour nous un bon et tendre père ? »

Mme Dabrovine prit le portefeuille des mains de sa fille, alla près de son oncle, l’embrassa.

« Merci, mon père, dit-elle avec attendrissement ; merci du fond du cœur. Natasha a raison ; j’avais tort. J’accepterai désormais tout ce que vous voudrez m’offrir. Je suis votre fille par la tendresse que je vous porte, et j’avoue sans rougir que, sans vous, je ne puis en effet élever convenablement mes enfants.

Le général

… Qui sont à l’avenir les miens, comme toi tu es ma fille bien-aimée ! »

Le général les prit toutes deux dans ses bras, les embrassa en les regardant avec tendresse.