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nant les enfants. Il les envoya raconter à leur mère ce qui venait d’arriver, en leur défendant d’en parler à tout autre, et alla faire son rapport au général.

Le général

Que diantre voulez-vous que j’y fasse ? S’il est perdu dans mes bois, tant pis pour lui ; qu’il se retrouve.

Dérigny

Mais, mon général, il est demi-mort de froid et de fatigue.

Le général

Eh bien qu’on lui donne des habits, qu’on le chauffe, qu’on le nourrisse. Tenez, voilà ! prenez ; il ne manque pas de manteaux, de fourrures. Qu’on le couche, s’il le faut. Je ne vais pas laisser mourir de faim, de froid et de fatigue, et à ma porte encore, un homme qui me demande la charité. Qui est-il ? Est-ce un paysan, un marchand ?

Dérigny

Je ne sais pas, mon général ; seulement j’ai oublié de vous dire qu’il avait dit : « Dites-lui de venir pour l’amour de Dieu et de Romane. »

Le général, sautant de dessus son fauteuil.

Romane ! Romane ! Pas possible ! Il a dit Romane ? En êtes-vous bien sûr ?

Dérigny

Bien sûr, mon général.

Le général

Mon pauvre Romane ! Je ne comprends pas…