Page:Ségur - Le général Dourakine.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Assez, mon pauvre homme, dit Dérigny en lui refusant le reste du pain que les enfants avaient apporté. Trop manger vous ferait mal après un si long jeûne. Dans une heure vous mangerez encore. Essayez de vous lever et de venir au château.

— Le château de qui ? Chez qui êtes-vous ? dit l’étranger d’une voix faible.

Dérigny

Chez M. le général comte Dourakine.

L’étranger

Dourakine ! Dourakine ! Comment ! lui, Dourakine ? Est-il encore le brave, l’excellent homme que j’ai connu ?

Dérigny

Toujours le meilleur des hommes ! Un peu vif parfois, mais bon à se faire aimer de tout le monde.

L’étranger

Prévenez-le… Allez lui dire… Mais non ; je vais essayer de marcher. Je me sens mieux. »

L’étranger voulut se lever ; il retomba aussitôt.

« Je ne peux pas, dit-il avec découragement.

Dérigny

Voulez-vous qu’on le prévienne ? Il est chez lui.

L’étranger

Je crois que oui ; ce sera mieux. Dites-lui de venir, pour l’amour de Dieu et de Romane. »

Dérigny, trop discret pour interroger l’étranger sur sa position bizarre, salua et s’éloigna, emme-