« Assez, mon pauvre homme, dit Dérigny en lui refusant le reste du pain que les enfants avaient apporté. Trop manger vous ferait mal après un si long jeûne. Dans une heure vous mangerez encore. Essayez de vous lever et de venir au château.
— Le château de qui ? Chez qui êtes-vous ? dit l’étranger d’une voix faible.
Chez M. le général comte Dourakine.
Dourakine ! Dourakine ! Comment ! lui, Dourakine ? Est-il encore le brave, l’excellent homme que j’ai connu ?
Toujours le meilleur des hommes ! Un peu vif parfois, mais bon à se faire aimer de tout le monde.
Prévenez-le… Allez lui dire… Mais non ; je vais essayer de marcher. Je me sens mieux. »
L’étranger voulut se lever ; il retomba aussitôt.
« Je ne peux pas, dit-il avec découragement.
Voulez-vous qu’on le prévienne ? Il est chez lui.
Je crois que oui ; ce sera mieux. Dites-lui de venir, pour l’amour de Dieu et de Romane. »
Dérigny, trop discret pour interroger l’étranger sur sa position bizarre, salua et s’éloigna, emme-