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je ne m’en irai pas ; je les surveillerai ; j’inventerai quelque conspiration ; je les dénoncerai comme conspirateurs, révolutionnaires polonais, … catholiques… Je trouverai bien quelque chose de louche dans leurs allures. Je les ferai tous arrêter, emprisonner, knouter… Mais il me faut du temps… un an peut-être… Oui, encore un an, et tout sera changé ici ! Encore un an, et je serai la maîtresse de Gromiline ! et je les mènerai tous au bâton et au fouet ! »

Mme Papofski s’était animée ; elle ne s’était pas aperçue que dans son exaltation elle avait parlé tout haut. Sa porte, à laquelle elle tournait le dos, était restée ouverte ; Jacques s’y était arrêté un instant, croyant que son père était encore chez Mme Papofski, et que c’était à lui qu’elle parlait.

Lorsqu’elle se tut, Jacques, surpris et effrayé de ce qu’il venait d’entendre, avança vers la porte, jeta un coup d’œil dans la chambre, et vit que Mme Papofski était seule. Sa frayeur redoubla, il se retira sans bruit, et, le cœur palpitant, il alla trouver son père et sa mère.

Jacques

Papa, maman, il faut vite dire au pauvre général que Mme Papofski lui prendra tout, le fera enfermer, knouter, et nous aussi. Il faut nous sauver avec le général et retourner avec tante Elfy.

Dérigny

Tu perds la tête, mon Jacquot ! Qu’est-ce qui te donne des craintes si peu fondées ? Comment