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Madame Papofski

Mais il ne l’aurait pas su ; mon oncle dépense sans savoir pourquoi ni comment. Vous auriez pu compter des chevaux morts ou une voiture cassée.

Dérigny

Ce serait me rendre indigne de la confiance que le général veut bien me témoigner, Madame, veuillez croire que je suis incapable d’une pareille supercherie.

Madame Papofski

Je le crois et je le vois, brave, honnête monsieur Dérigny. Ce que j’ai fait et ce que j’ai dit était pour savoir si vous étiez réellement digne de l’attachement de mon oncle. Je ne m’étonne pas de l’empire que vous avez sur lui, et je me recommande à votre amitié, moi et mes pauvres enfants, mon cher monsieur Dérigny. Si vous saviez quelle estime, quelle amitié j’ai pour vous ! Je suis si seule dans le monde ! Je suis si inquiète de l’avenir de mes enfants ! Nous sommes si pauvres !

Dérigny ne répondit pas ; un sourire ironique se faisait voir malgré lui ; il salua et se retira.

Mme Papofski le regarda s’éloigner avec colère.

« Coquin ! dit-elle à mi-voix en le menaçant du doigt. Tu fais l’homme honnête parce que tu vois que je ne suis pas en faveur ! Tu fais la cour à ma sœur parce que tu vois la sotte tendresse de mon oncle pour cette femme hypocrite et pour sa mijaurée de Natasha, qui cherche à capter mon oncle pour avoir ses millions… On veut me chasser :