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mais Mme Dabrovine est presque pauvre ; son mari a dépensé beaucoup d’argent pour sa campagne de Crimée ; elle a tout payé, et elle est restée avec treize cents roubles de revenu[1] ; c’est elle-même qui a élevé sa fille et ses fils ; mais les garçons grandissent, ils ont besoin d’en savoir plus que ce que peut leur enseigner une femme, quelque instruite qu’elle soit. Et alors…

Le général

Alors quoi ? Voulez-vous être leur gouverneur. Je ne demande pas mieux.

Dérigny, riant.

Moi, mon général ? Mais je ne sais rien de ce que doit savoir un jeune homme de grande famille !… Non, ce n’est pas ce que je veux dire. Je voudrais que vous eussiez la pensée de les garder tous chez vous, de payer un gouverneur et toute leur dépense : vous auriez la famille qui vous manque, et eux trouveraient le père et le protecteur qu’ils n’ont plus.

Le général

Bien pensé, bien dit ! Trouvez-moi un gouverneur, et le plus tôt possible.

Dérigny, stupéfait.

Moi, mon général ? comment puis-je… ?

Le général

Vous pouvez, mon ami, vous pouvez ce que vous voulez. Cherchez, cherchez. Adieu, bonsoir ; je me couche et je m’endors content. »

  1. Six mille francs.