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Le général

Et pourquoi me le montrez-vous ?

Dérigny

Parce que Mme Papofski veut que tout soit acheté à votre compte, mon général, et je n’ai pas cru devoir le faire sans vous consulter.

Le général

Et vous avez bien fait, mon cher.

« C’est parbleu trop impudent aussi. Figure-toi, Natalie, que ta sœur veut faire habiller son cocher, son forreiter (postillon), son courrier, ses laquais, ses femmes (six je crois), en m’obligeant à tout payer. Bien mieux, elle ordonne qu’on change les douze mauvais chevaux qu’elle a amenés, contre les plus beaux chevaux de mes écuries. Je dis que c’est par trop fort ! Ses commissions ne vous donneront pas beaucoup de peine, Dérigny ; voici le respect qui leur est dû. »

Le général déchira en mille morceaux la feuille écrite par Mme Papofski, se leva en riant et en se frottant les mains, embrassa sa nièce, sa petite-nièce, ses petits-neveux, et quitta le salon avec Dérigny pour aller se coucher.

Les enfants, qui avaient fait une veillée extraordinaire et qui s’étaient amusés, éreintés, ne furent pas fâchés d’en faire autant ; il était neuf heures et demie. Mme Dabrovine et Natasha ramassèrent les livres, les cahiers épars, et les rangèrent dans les armoires destinées à cet usage, pendant que la femme de chambre et bonne tout à la fois prépa-