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Le général prit le bras de Natalie, la main de Natasha, appela Alexandre, Michel, Jacques et Paul, et marcha à grands pas vers l’appartement de Mme Dabrovine. Il entra dans le joli salon où il passait une partie de ses journées, s’y promena quelques instants, s’arrêta, prit les mains de sa nièce, la contempla en silence et dit :

« C’est toi seule qui es et qui seras ma fille. Douce, bonne, tendre, honnête et sincère, tu as fait des enfants à ton image ! L’autre n’aura rien, rien.

Madame Dabrovine

Oh ! Mon oncle, je vous en prie !

Le général, lui serrant les mains.

Tais-toi, tais-toi ! Tu vas me rendre la colère qui a manqué m’étouffer. Laisse-moi oublier cette scène et la platitude révoltante de ta sœur ; près de toi et de tes enfants, je me sens aimé, j’aime et je suis heureux ; près de l’autre, je hais et je méprise. Jouez, mes enfants, ajouta-t-il en se tournant vers Jacques, Paul et ses neveux : je ne crains pas le bruit. Amusez-vous bien.

Jacques

Général, est-ce que nous pouvons jouer à cache-cache et courir dans le corridor ?

Le général

À cache-cache, à la guerre, à l’assaut, à tout ce que vous voudrez. Ma seule contrariété sera de ne pouvoir courir avec vous. Mais auparavant allez me chercher Dérigny. Natalie, je commence