Page:Ségur - Le général Dourakine.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.

grand deuil ; près d’elle était une jeune personne d’une beauté remarquable ; en face, deux jeunes garçons. Sur le siège, près du cocher, était une personne qui avait l’apparence d’une femme de chambre.

« Natalie ! ma nièce ! dit le général en ouvrant la portière.

— Mon oncle ! c’est vous ! répondit Mme Dabrovine (car c’était bien elle) en s’élançant hors de la voiture et en se jetant au cou du général. Oh ! mon oncle ! mon bon oncle ! Quel terrible malheur depuis que je ne vous ai vu ! Mon pauvre Dmitri ! mon excellent mari ! tué ! tué à Sébastopol ! »

Mme Dabrovine s’appuya en sanglotant sur l’épaule de son oncle.

Le général, ému de cette douleur si vive et si vraie, la serra dans ses bras et s’attendrit avec elle.

Le général

Ma pauvre enfant ! ma chère Natalie ! Pleure, mon enfant, pleure dans les bras de ton oncle, qui sera ton père, ton ami !… Pauvre petite ! Tu as bien souffert !

Madame Dabrovine

Et je souffrirai toujours, mon cher oncle ! Comment oublierai-je un mari si bon, si tendre ? Et mes pauvres enfants ! Ils pleurent aussi leur excellent père, leur meilleur ami ! Mon chagrin augmente le leur et les désespère.

Le général

Laisse-moi embrasser les enfants, ma chère Na-