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Le général quitta l’appartement presque en courant, pour aller voir s’il ne voyait rien venir. Dérigny et sa femme étaient heureux de la joie du bon et malicieux général ; et peut-être partageaient-ils un peu la satisfaction qu’ils laissaient éclater de la colère présumée de Mme Papofski.

Jacques et Paul, présents à cette scène, riaient et sautaient. Ils avaient habilement évité les prévenances hypocrites des petits Papofski, et avaient réussi à ne pas jouer une seule fois avec eux. Quand ils les rencontraient, soit dans la maison, soit dehors, ils feignaient d’être pressés de rejoindre leurs parents, qui les attendaient, disaient-ils ; et, quand les petits Papofski insistaient, ils s’échappaient en courant, avec une telle vitesse, que leurs poursuivants ne pouvaient jamais les atteindre. Lorsque Jacques et Paul voulaient prendre leurs leçons et s’occuper tranquillement, ils s’enfermaient à double tour dans leur chambre avec Mme Dérigny, et tous riaient sous cape quand ils entendaient appeler, frapper à la porte.

Mme Papofski profitait de toutes les occasions pour témoigner « son amitié », son admiration aux excellents Français de son bon oncle ; malgré la politesse respectueuse des Dérigny, elle se sentait démasquée et repoussée. La conduite de son oncle l’inquiétait : il l’évitait souvent, ne la recherchait jamais, lui lançait des mots piquants, moitié plaisants, moitié sérieux, qu’elle ne savait comment prendre. Deux ou trois fois elle avait essayé de