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Le général

Bon ! C’est pour mon autre nièce, Natalia, qui était bonne et aimante quand je l’ai quittée il y a dix ans, et qui est encore, d’après le mal que m’en a dit Maria Pétrovna, le très rare mais vrai type russe ; ses enfants doivent être excellents ; je leur ai écrit à tous d’arriver. Et nous allons avoir une entrevue charmante entre les deux sœurs ; la Papofski sera furieuse ! Elle ne sait rien. Arrangez-vous pour qu’elle ne devine rien. Faites travailler dans le village, et profitez des heures où elle sera sortie pour faire apporter les lits et les meubles dans le bel appartement. J’irai voir tout ça, mais en cachette… La bonne idée que j’ai eue là ; ah ! ah ! ah ! la bonne farce pour la Papofski ! »

Dérigny et sa femme se mirent à l’œuvre dès le lendemain ; Dérigny alla à Smolensk acheter ce qui lui était nécessaire ; les menuisiers, les serruriers, les ouvriers de toute espèce furent mis à sa disposition ; on fabriqua des lits, des commodes, des tables, des fauteuils, des toilettes ; Dérigny et sa femme remplacèrent les tapissiers qui manquaient. Le général allait et venait, distribuait des gratifications et de l’eau-de-vie, encourageait et approuvait tout. Les paysans travaillaient de leur mieux et bénissaient le Français qui leur valait la bonne humeur et les dons généreux de leur maître. Vassili était reconnaissant de l’humanité de Dérigny, qui lui avait épargné