Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne connaît peut-être pas celui de vos châteaux, mais il est bien futé pour celui qu’on doit faire chez lui ; il vous égorge et vous apprête un mouton ou un veau, comme un homme.

La baronne.

Je ne vous ai pas demandée, madame, pour faire l’éloge de ce petit sot, mais pour nous faire servir notre dîner par quelqu’un de capable.

Mère Robillard.

Ah bien ! monsieur le baron, je ne saurais trouver mieux. Un autre ne se serait peut-être pas accommodé si longtemps des moqueries de ces demoiselles et de votre petit monsieur. J’ai beaucoup à faire, voyez-vous ; c’est moi qui donne le dîner ; tout retombe sur moi. »

« Mère Robillard ! criait-on de tous côtés, du cidre, s’il vous plaît. Et puis, on manque de verres par ici. »

Elle répondait :

« Ah bien ! qu’on boive deux dans le même verre ; quant au cidre, allez, vous autres jeunes garçons, mettre une nouvelle pièce en perce. Moutonet vous fera voir où ce qu’elle est. Pardon, excuse, madame la baronne, si je vous laisse ; tout retombe sur moi ; je ne puis m’absenter. Mais je vais voir à ce que vous soyez servis par quelqu’un d’intelligent. »

La mère Robillard partit, laissant la table Castelsot très courroucée du peu de respect qu’on lui témoignait. La brave vieille, bien qu’elle fût impatientée de l’exigence de ces Castelsot, s’occupa