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9. Faiblesse de l’organisation financière.. — Il apparaît nettement que l’évolution du capitalisme a été bien moins rapide en France qu’en Hollande et en Angleterre. En veut-on une autre preuve ? Les sociétés par actions sont moins nombreuses et moins fortement constituées. Celles que l’on a fondées dans la seconde moitié du XVIIe siècle ont été créées, d’une façon artificielle, par Colbert. Aussi n’est-il pas étonnant que Jacques Savary recommande surtout la formation de sociétés en commandite, grâce auxquelles les entreprises commerciales pourront se procurer des capitaux considérables[1]. Des sociétés en nom collectif semblent aussi s’être constituées ; Savary déclare, en effet :

« Dans les lieux où il y a des manufactures considérables, comme à Paris, Lyon, Saint- Chamond, Tours, Sedan, Amiens, Châlons, Reims, Rouen, Laval et autres villes du royaume, il y a plusieurs négociants associés qui font le commerce des matières premières qui y sont nécessaires, qu’ils vendent aux ouvriers, et qui achètent d’eux des marchandises qu’ils ont manufacturées pour les vendre ensuite à ceux des autres villes qui les vont acheter sur les lieux, ou qui leur en donnent la commission. »

Autre fait significatif : la faiblesse du régime bancaire. Seule, la place de Lyon reste encore un grand marché de capitaux (bien que relativement moins important qu’au XVIe siècle), ce qui facilite les relations avec l’Italie. Les banquiers de Lyon s’occupent tout à la fois du change des monnaies, du commerce des métaux précieux, servent d’intermédiaires pour les paiements, reçoivent des dépôts, font l’escompte.

À Lyon, les règlements de compte, les « virements de partie » s’opèrent toujours, comme au XVIe siècle. Le

  1. Cf. J. Savary, op. cit., 2e partie, I. I, chap. I, t. I, p. 242 et suiv.