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ments de change pour les principales places de commerce. La couronne d’Espagne a souvent affaire aux foires de Gênes pour ses besoins financiers. On s’y livre à des spéculations de toutes sortes ; elles ont donc favorisé, sur une grande échelle, la concentration des capitaux. Mais, comme elles ne constituaient pas un centre commercial, elles rappel-lent le passé, plutôt qu’elles n’annoncent l’avenir ; ce fut comme le dernier éclat de la vie économique du Moyen âge.

Francfort, dès la fin du Moyen âge, avait été la place la plus importante de l’Allemagne de l’Ouest. La chute d’Anvers accrut aussi beaucoup sa puissance. Mais les foires qui s’y tinrent n’avaient pas un caractère purement financier ; on s’y livrait à des transactions commerciales très actives. Leur progrès avait été plus lent que celui des foires de Gênes, mais elles furent, par contre, plus solides et eurent un succès plus durable. Même pendant la guerre de Trente ans, elles se maintinrent, et, la place de Francfort continua à jouer un grand rôle au XVIIIele siècle, bien qu’elle fût, dans une certaine mesure, dépendante d’Amsterdam. Ce qui prouve sa prospérité, c’est que le taux de l’intérêt n’y fut jamais très élevé ; il ne dépassa guère 5 à 6 % et descendit même plus bas.

Si nous considérons l’Angleterre du XVIe siècle, nous voyons que l’éclosion du capitalisme financier y est singulièrement favorisée par le développement de l’industrie et les progrès du capitalisme commercial. L’industrie drapière, dont la valeur de production fait plus que doubler dans la seconde moitié du siècle, a besoin de capitaux et ceux-ci lui sont fournis par les marchands exportateurs. L’industrie minière, en progrès également, ne peut s’en passer.

C’est aussi le développement de l’exportation qui pose de plus en plus lit question des changes étran-