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sorte d’affaires. Ils s’occupent, tout à la fois, de transactions commerciales, du change et de l’envoi des métaux précieux, reçoivent des dépôts, effectuent des prêts sur gages et hypothèques, émettent des lettres de change et de crédit, commanditent des entreprises, assurent des navires. Mais ce sont surtout les opérations relatives aux finances publiques qui enrichissent les banques. Considérons que le Saint-Siège a des revenus dans tous les pays de la chrétienté : des dîmes, le denier de Saint Pierre, en Angleterre ; qu’il reçoit partout des legs et des donations. Les banques, grâce à leurs succursales, peuvent percevoir aisément ces revenus et avancer de l’argent à la cour pontificale. Celle-ci s’adresse à diverses banques, dans diverses villes, à des maisons de Sienne, de Lucques, de Pistoie, puis de Florence, quand les Florentins, en 1263, arrivent à supplanter les Siennois, sous le pontificat d’Urbain IV.

Les banquiers florentins exercent aussi leur champ d’action dans le royaume de Naples : Charles d’Anjou, qui a contracté auprès d’eux de gros emprunts, leur accorde d’importants privilèges commerciaux, des monopoles d’État, portant sur l’exportation du blé et du vin, sur les mines de fer, les gabelles, etc.[1]. On ne s’étonnera donc pas que les sociétaires de la banque Peruzzi aient touché des dividendes de 40 %, et ces gros dividendes s’expliquent d’autant mieux que le taux d’intérêt, qui était couramment de 14 à 25 %, s’élevait assez souvent à 45 ou 50 %, par an, quand les prêts n’étaient pas contractés au mois ou à la semaine. La chute des Templiers accroît encore l’importance de la banque florentine, au XIV siècle. Au XVe siècle, les Médicis, qui ont pris le pas sur les Spini, les Spigliati, les Bardi, les

  1. G. Yver, Le commerce et les marchands dans l’Italie méridionale aux XIIIe et XIVe siècles, 1903.