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ment les forces capitalistes du pays. Vers 1850, on Peut prévoir que la Belgique constituera l’un des centres du capitalisme européen[1].


4. Persistance de l’ancienne économie dans l’Europe centrale, orientale et méridionale. — Par contre, les pays de l’Europe centrale, dans la première moitié du XIXe siècle, n’ont subi encore, que très faiblement l’emprise du capitalisme.

C’est toujours, l’ancienne économie qui prédomine en Allemagne. Une preuve, c’est qu’en Prusse, en 1816, la population rurale représente 73 % de la population totale, et en 1852, encore 71 %.

La petite industrie y tient une place beaucoup plus grande qu’en France. En certaines villes, 80 ou même 90 % des maîtres n’ont ni compagnon ni apprenti. En 1816, si l’on accepte les données des statistiques prussiennes, pour 100 maîtres, on ne compte que 56 employés (compagnons ou apprentis), et, en 1843, 76. C’est seulement en 1845 qu’une ordonnance prussienne (l’Allgemeine Gewerbeordnung) enlève aux corporations leur caractère obligatoire et établit partiellement la liberté du travail[2]. Même dans les régions les plus industrielles, le capitalisme ne se manifeste que sous la forme de l’entreprise (verlagsystem) : tel est le cas des pays rhénans, de, la Westphalie, de la Saxe. L’industrie rurale, notamment dans la fabrication textile, a conservé son ancien caractère ; on se croirait toujours au XVIIIe siècle.

La grande industrie fait si peu de progrès qu’en y comprenant les houillères de Westphalie, de la Sarre et

  1. Voy. Ch. Terlinden, La politique économique de Guillaume 1er, roi des Pays-Bas, en Belgique (1814-1830) (Revue historique, janvier 1922).
  2. Hugo C. M. Wendel, The evolution of industrial freedom in Prussia (1845-1849), New-York, 1921.