Page:Sébillot - Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne, t. 1, 1882.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée
330
TRADITIONS ET SUPERSTITIONS

fit du soleil. Alors Georgeon voulut cultiver un champ de moitié avec le saint ; il fut, comme le diable de Papefiguière, qui se retrouve partout, dupé par deux fois, et furieux, il proposa à saint Martin de se battre dans le moulin. Ayant choisi le plus long bâton, il ne pouvait le manœuvrer, et il fut contraint de demander grâce au saint.

Dans mes Contes populaires delà Haute-Bretagne, ire série, se trouvent la légende de saint Mauron, que j’ai ici reproduite en partie, et qui ressemble en plusieurs points aux récits ordinaires des légendaires, et celle de saint Lénard, qui est plus curieuse, parce qu’elle montre le peuple canonisant de sa propre autorité, et malgré l’Eglise, un saint local. Il est possible qu’après avoir résisté longtemps on finisse par béatifier Lénard. Ce n’est pas en politiLiuc seulement que la queue fait parfois marcher la tête.

Un autre exemple de canonisation populaire existe, à ma connaissance, dans l’Ille-et-Vilaine. Dans l’ancien cimetière d’Ercé près Liffré, qui entourait l’église, est un petit tombeau surmonté d’une statuette en faïence de la Vierge. C’est là que gît la sainte de Chasnê, au tombeau de laquelle on fait des neu vaines. Personne ne sait son vrai nom, m’a-t-on dit. On m’a assuré que sa réputation de sainteté venait de ce que, en détruisant le cimetière ancien, on avait trouvé un cadavre entier. On se rappela que là avait été en-